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Morgane Delfosse

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26.03.2020 — Jour 10

Au dixième jour, l’envie de descendre dans la grotte ensablée des jeux d’enfant se fait sentir. Depuis Paris, je vois l’océan. Pensées enfermées.

Kerfago, 2018

22.03.2020 — Jour 6

Six jours. C’est le temps qu’il me fallait à tourner autour de mon appartement et de mon nombril pour réaliser qu’un peu de recul s’impose. Si déjà le sentiment de devoir justifier l’exposition instantanée de mon intimité se pointe, si déjà elle me met mal à l’aise, c’est que ce chemin n’est pas le bon. Quel est mon rôle, aujourd’hui, dans cette société claquemurée ? J’observe, écoute, lis, considère les soignant·e·s, nourrisseur·se·s, travailleur·se·s volontaires ou contraint·e·s, enseignant·e·s dévoué·e·s. Les sans-mur pour s’y calfeutrer, les sans-famille pour s’y réchauffer. Et tous les autres, pour qui c’est encore plus la merde qu’à l’accoutumée. Je me sens bien inutile, à balancer quelques photographies de mon intérieur plein de projets. L’envie de sortir capturer Paris vide ne me dévore pas et j’imaginais peut-être que mon petit combat à moi était de livrer aux réseaux sociaux le vide qu’on essaie toutes et tous de remplir ces jours-ci. Mais le vide et l’attente se cultivent probablement mieux loin des regards. Photographier et écrire l’intime demande de l’intimité. Cela risque d’être long, et je crois qu’il est plus sage de me mettre en retrait, de profiter de ce temps pour construire mes histoires personnelles avec intelligence, sans la pression qu’une publication hebdomadaire peut exercer.
Je ne m’interdirai pas de partager de temps en temps un signe de vie photographique.
Prenez soin de vous, de vos co-confiné·e·s ou de votre solitude.
Je vous embrasse.

21.03.2020 — Jour 5

C’est le printemps. Des fleurs sur un carrelage désuet, un oiseau en décalcomanie et du papier toilette vintage. Jour de fête.

20.03.2020 — Jour 4

Ce matin, une excursion pour acheter quelques légumes, la première depuis le début. Files d’attente étendues, échanges nerveux, regards tristes. La rue de Belleville est silencieuse, et ça fout le cafard. Alors, pour imaginer un peu demain et retrouver un bout de sourire, on a fait tomber la peau des murs.

19.03.2020 — Jour 3

Trois jours, et déjà l’on fait les comptes. Je ne me reconnais pas vraiment dans le journal lointain et décrié bourgeois, dans les médias aujourd’hui, d’une certaine auteure. Pourtant, force est de constater que la photographie du jour, c’est une chatte de concours sur le ventre d’un homme qui lit les âmes mortes. Bon, je n’ai pas le public de Slimani, mais quand-même. Une remise en question précoce ne peut pas faire de mal.

18.03.2020 — Jour 2

Ici et là, je lis que des poissons nagent dans les eaux désormais claires de Venise et qu’en Iran l’on creuse des trous béants pour avaler les corps. L’effroi succède à la poésie. L’inconséquence court encore les rues de Paris, et les voix sous mes fenêtres me sont douloureuses. Dans quelques jours, le silence se fera probablement, pesant et lourd. Je cherche un peu d’éclat dans l’appartement d’à côté que nous venons d’acheter. J’essaie de suivre le temps arrêté, reste immobile devant l’immobilité. Mais mon compagnon de vie veut casser les murs, construire le nid. Il bouscule l’observatrice passive que je suis parfois, et impose à raison la photographie du jour. Je vous offre donc la moquette de la voisine morte, juste avant que nous découvrions un plancher étouffé depuis des décennies. 
On avance.

17.03.2020 — Jour 1

Aujourd’hui est le premier jour de ce grand confinement qui semble sortir tout droit d’un roman de science-fiction. Comme tant d’autres, je m’enferme, et mesure ma chance de m’isoler dans un lieu choisi, avec un compagnon aimé et désiré, une douce amie féline et des ressources intérieures. Je respire difficilement mais vais profiter de cette injonction à ralentir pour y remédier, apprendre à faire circuler l’air consciemment. Ça ira. 

Sans inonder les réseaux, notre espace commun plus que jamais vital, je vais tenter de construire quelque chose dans cette abîme. Une série photographique, des mots. Je crois que ça s’appelle Un printemps dedans. Le premier jour, la première image, est plutôt sombre. Pas de coin de ciel bleu, d’oiseaux par la fenêtre, de peau d’amour sous mes mains, mais une vue des façades qui se rencontrent à l’arrière de la maison. Des cicatrices, surfaces rugueuses, et tout là-haut, la lumière. 

Nous sommes au pied du mur.

17.02.2020

Béton, plastique, wax, la peau de Mambuta et le gaz qui fait tourner l’hôpital.

09.02.2020

Premiers portraits dans mes nouveaux murs sourds.
Emmanuelle Leblanc, artiste peintre de la couleur.

21.01.2020

Par la fenêtre de la maison, c’était l’automne glacée du bord du mer.

Koksijde, décembre 2019

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© Morgane DelfosseMINIMAL

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